Je n’ai pas une minute de libre pour devenir une mère plus efficiente

Par Marie Holmes

4 janvier à 9h00

Je porte mon sac de travail, le sac à dos de ma fille, le violon de mon fils et un sac à provisions surdimensionné grouillant de projets d’art fragiles, et j’essaie de tout caser, ainsi que mes deux enfants, dans un ascenseur à 18h. un soir de semaine.

Mon fils demande, alors que nous sommes à la pharmacie, que nous nous arrêtions au magasin de jouets pour vérifier un nouveau truc.

– «S’il te plait, maman» se plaint-il. “Ça ne prendra qu’une minute.”

J’entends ça mille fois par jour ! Les courriels, les appels téléphoniques, les inscriptions et les RSVP. La liste des demandes :

– «Rien qu’une  minute !» auxquelles je ne peux pas répondre n’a pas de fin.

Non, je réponds à mon fils. Nous n’avons pas le temps ce soir : il y a des devoirs à faire, des notes d’école à signer, la pratique des instruments de musique, des petites mains et des pieds à laver – et quelque part dans tout ça, je dois préparer le diner .

Mais il y a d’autres façons d’agir, me disent mille conseillers sur Internet. Il y a des raccourcis. Ce n’est pas qu’il n’y a pas assez de temps, disent-ils, c’est que je n’utilise pas efficacement le temps dont je dispose.

Vous voyez, je papillonne. Je dors. Je m’entraine. Je lis de longs articles sur le journal. Je suis un voleur qui m’arrache mon propre temps. C’est ainsi que je me conduis dans ce monde et je refuse d’apprendre de nouvelles routines. Mais nous vivons à l’ère de la productivité, où les humains, comme les machines, peuvent être piratés pour améliorer leurs performances. Si seulement j’étais plus réceptive aux commentaires des experts, je pourrais me transformer en: MOI 2.0. Je pourrais faire beaucoup plus et plus rapidement.

Je devrais par exemple mettre la table pour le petit-déjeuner tous les soirs avant d’aller me coucher. Cela a l’air simple. Mais pour mettre la table, il faut des bols propres, ce qui veut dire vider le lave-vaisselle et le remplir à nouveau, et pendant que j’y suis, je pourrais aussi bien frotter les casseroles encroûtées qui trempent dans l’évier, parce que c’est minable de simplement les y laisser et quel genre de mère suis-je ? Et bien sûr, cela ne prendra qu’une minute.

Bon maintenant cela fait un quart d’heure – un temps que j’aurais dû employer à répondre à des courriels, à plier du linge ou à dormir. Ces 15 minutes doivent venir de quelque part. Dois-je les prendre de mon entraînement du matin ? Dois-je manquer complètement l’entraînement de demain, en acceptant d’être grincheuse jusqu’à midi ? Ou dois-je me lever et aller courir quand même, sachant que si je ne le fais pas, ces 15 minutes prendront la forme d’une réponse remise à plus tard tout au long de la journée, puisque mon esprit met si longtemps à produire une pensée cohérente ?

Essayons une autre façon de faire. Et si je préparais des lots de dîners pendant les week-ends pour toute la semaine suivante ? Cela ne serait-il pas logique ? À tout le moins, je pourrais couper les fruits et les légumes à l’avance afin que, lorsque mes enfants me demandent un goûter, je puisse leur offrir un bol de fruits au lieu d’une barre énergétique emballée individuellement (ce qui, soyons honnêtes, n’est rien de plus  qu’un biscuit dans un emballage). Mais si je passe une heure ou deux à cuisiner ou simplement à hacher fruits et légumes le dimanche, je n’ai plus de temps pour travailler. Je dois donc rester éveillée plus tard et je dois une fois de plus choisir entre sommeil et exercice. Comme si je n’étais pas déjà suffisamment gourmande de mon temps pour penser que je puisse avoir les deux.

[Quand on me laisse tomber, je ne cache pas mon chagrin à mes enfants]

Être une mère moderne, ce qui s’accomplit souvent en travaillant à plein temps et sans l’aide de la parenté, est amplement exaspérant sans la pression supplémentaire d’être constamment informée que si seulement vous étiez plus pratique, vous pourriez avoir une chemise propre et vos enfants pourraient avoir des boîtes bento digne d’Instagram- pour le déjeuner. Je suis sûre que si j’étais disposée à assumer cette responsabilité, il y a beaucoup de pirates de vie qui amélioreraient les choses chez nous. Je pourrais, par exemple, concevoir un système digne de Pinterest pour organiser les bottes et les manteaux qui obstruent l’entrée. Ou préparer les vêtements de tout le monde la nuit précédente. Ou préparer des repas sains à l’avance.

Mais souvent, je ne sais pas anticiper. Parfois, il m’est difficile de penser tant je suis submergée. Ce que je cherche vraiment, ce n’est pas que quelqu’un qui a une vie plus belle que la mienne partage ses secrets d’efficacité, mais qu’un autre parent éreinté me dise :

«Je sais. C’est trop. »

Parfois, je ne cherche pas de plan d’action ni d’étapes concrètes pour m’améliorer. Je recherche simplement le luxe d’exprimer mes frustrations.

Il y a des jours où je dis oui aux simples demandes de mes enfants – regarder les jouets, faire une halte pour une glace, regarder un train passer – parce que je suis trop fatigué pour dire non, et d’autres jours où je change volontairement de direction. Je veux qu’ils expérimentent le temps non seulement comme une chose à planifier, mais aussi à savourer, dans toute sa déchéance.

Marie Holmes est une mère et écrivaine indépendante. Elle vit à New York avec son partenaire et ses deux Pinterest.

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