Le monopole d’achat d’Amazon n’est pas correct
Je n’ai personnellement rien contre Amazon, mais leurs façons de faire, autoritaires et sans partage est troublant. En témoigne cet éditorial de Paul Krugman qui parut dans le New York Times le 19 octobre, 2014. Le monopole est différemment perçu en Europe et en Amérique. En France, le monopole et dans ce cas en particulier l’oligopole, cette forme de marché où un très petit nombre de grandes entreprises ont l’exclusivité de l’offre, est permis dans de nombreuses situations. Bien qu’il soit dit qu’en France l’État ne cherche pas à favoriser une profession en instituant un monopole, mais à protéger les citoyens, en fin de compte il favorise les professions plus qu’il ne protège les consommateurs. Le résultat est une contrainte, une manipulation du libre marché qui faussent le système économique en place et précisément cause des abus tel que celui d’Amazon. Voici quelques exemples parmi d’autres: les notaires français sont investis d’une délégation de puissance publique. Leur nombre est limité et il n’est pas suffisant d’être qualifié pour devenir notaire.
Une chaire de notaire s’achète et se vend.
Le notariat est donc un monopole autorisé par l’État, tout comme celui des pharmacies et des auto-écoles. La concurrence en générale est bien vue et même encouragée en Amérique alors qu’en France elle est souvent mal vue, au moins parmi la population qui souvent la ressent comme un danger pour l’emploi et la défense du citoyen. Mais le gouvernement français est en train de reconsidérer ses monopoles démontrant ainsi qu’il perçoit le potentiel abusif de celui-ci. Certes vous direz, il faut quelques règlementations du marché, et de toute façon Amazon n’est pas une entreprise française. Mais les activités abusives de l’entreprise démontrent les conséquences de trop d’interférence avec le marché et celles d’un manque de confiance dans l’habilité du consommateur à choisir ce dont ils bénéficient le plus.
Les Pages Opinion du New York Times
Paul Krugman Éditorialiste
Amazon.com, le détaillant en ligne géant, a trop de pouvoir, et il utilise ce pouvoir d’une manière qui fait du tort à l’Amérique. C’est un monopsone, c’est-à-dire un acheteur dominant qui a le pouvoir de pousser les prix vers le bas.
O.K., je sais que mon approche est plutôt brusque. Mais je voulais en venir tout de suite au point central, parce que les discussions sur Amazon ont trop souvent tendance à se perdre dans des questions secondaires
Les critiques de l’entreprise par exemple, la décrivent comme un monstre sur le point de prendre le pouvoir sur l’ensemble de l’économie. De telles affirmations sont exagérées. Amazon ne domine pas l’ensemble, des ventes en ligne encore moins le commerce de détail et ne le fera probablement jamais. Mais cela ne résout rien, puis qu’Amazon continue de jouer un rôle troublant.
D’autre part, les défenseurs d’Amazon s’égarent souvent en odes à la librairie en ligne, qui a en effet été une bonne chose pour beaucoup d’Américains, d’après des témoignages de service à la clientèle Amazon – et au cas où vous vous le demandez : oui, j’ai l’option Amazon Prime et je l’utilise beaucoup.
Mais, et alors? La disponibilité d’une nouvelle technologie, ou même l’utilisation efficace de cette technologie par Amazon, ne sont pas la question. Après tout, John D. Rockefeller et ses associés étaient également compétents dans l’industrie pétrolière, mais la Standard Oil avait cependant trop de pouvoir, et l’action publique pour lutter contre ce pouvoir était essentielle. La même chose est vraie d’Amazon aujourd’hui. Si vous n’avez pas suivi les récentes nouvelles d’Amazon: un litige en mai dernier entre Amazon et Hachette, une des plus grandes maisons d’édition, a éclaté en guerre commerciale ouverte. Amazon exigeait une plus grande réduction du prix des livres Hachette qu’elle vend; quand Hachette a regimbé, Amazon a commencé à perturber les ventes de l’éditeur.
Les livres Hachette n’ont pas été interdits à partir du site d’Amazon, mais Amazon a commencé à retarder leur livraison, à augmenter leurs prix, et à diriger ses clients vers d’autres éditeurs. Vous pourriez être tenté de penser que c’est juste les affaires, sans différence avec la Standard Oil, avant qu’elle ne soit démantelée, refusant d’expédier du pétrole par les lignes de chemin de fer qui avaient refusé de lui accorder des remises spéciales.
Mais c’est, bien là la situation: L’époque des robber barons [les requins de la finance] a pris fin lorsque nous, en tant que nation avons décidé que certaines des tactiques commerciales étaient inadmissibles. La question aujourd’hui est de savoir si nous voulons revenir sur cette décision.
Amazon a-t-elle vraiment un pouvoir de requin? Quand il s’agit de livres, certainement.
Amazon domine très largement les ventes de livres en ligne, avec une part de marché comparable à la part du marché du pétrole raffiné de la Standard Oil quand elle a été démantelée en 1911. Même en examinant les ventes totales de livres, Amazon est de loin le plus grand joueur.
Amazon n’a pas jusqu’à présent essayé d’exploiter les consommateurs. En fait, elle a systématiquement maintenu les prix bas, afin de renforcer sa position dominante. Ce que contrairement elle a fait, c’est d’utiliser son pouvoir de marché pour effectuer une constriction des éditeurs, en fait, faire baisser les prix qu’elle paie pour les livres, d’où le combat avec Hachette. En jargon économique, Amazon n’agit pas, du moins jusqu’à présent, comme un monopole, un vendeur dominant avec le pouvoir d’augmenter les prix. Au lieu de cela, il agit plutôt comme un monopsone, un acheteur dominant qui a le pouvoir de pousser les prix vers le bas. Et sur ce front son pouvoir est vraiment immense, il est en fait, encore plus élevé qu’indiquent les chiffres de sa part de marché. Les ventes de livres dépendent essentiellement d’un buzz, de rumeurs et du bouche-à-oreille [ce qui explique pourquoi les auteurs sont souvent envoyés faire d’épuisantes visites]. Vous achetez un livre parce que vous en avez entendu parler, parce que d’autres gens le lisent, parce que c’est un sujet de conversation, parce qu’il a atteint la liste des best-sellers. Et ce qu’Amazon possède c’est le pouvoir de tuer le buzz. Il est certainement possible, avec un peu d’effort supplémentaire, d’acheter un livre dont vous avez entendu parler, même s’il n’est pas sur Amazon. Mais s’il n’est pas sur Amazon, vous êtes pour commencer, bien moins susceptibles d’en entendre parler. Alors pouvons-nous faire confiance à Amazon de ne pas abuser de ce pouvoir?
Le différend avec Hachette a réglé cette question: Non, nous ne pouvons pas.
Ce n’est pas seulement une question d’argent, bien que ce soit important: en faisant pression sur les éditeurs, Amazon heurte à la fois les auteurs et les lecteurs. Mais il y a aussi la question d’influence indue. Plus précisément, la pénalité qu’Amazon impose aux livres Hachette est mauvaise en soi, mais il y a aussi une curieuse sélectivité de la manière dont la peine a été appliquée. Le mois dernier, le blogue Bits, du Times, a documenté le cas de deux livres Hachette recevant un traitement très différent. L’un est « Sons de Wichita » [Les fils de Wichita] de Daniel Schulman un profil des frères Koch; l’autre est «The Way Forward»,[ La Route en Avant ] par Paul Ryan, qui était le colistier de Mitt Romney à la présidence, et est à présent le président de la commission budgétaire de la Chambre des députés . Les deux sont répertoriés comme éligibles à Amazon Prime. Pour le livre de M. Ryan, Amazon offre la livraison gratuite habituelle de deux jours. Qu’en est-il des «Fils de Wichita”? En date de dimanche dernier , il est «habituellement expédié sous 2 à 3 semaines.” Uh-huh…
Ce qui nous ramène à la question clé. Ne me dites pas qu’Amazon offre aux consommateurs ce qu’ils veulent, ou que l’entreprise a droit à sa position. Ce qui importe est de savoir si elle a trop de pouvoir, et abuse de ce pouvoir.
Eh bien, c’est le cas, elle a trop de pouvoir et elle en abuse.
Le gouvernement français vient d’annoncer qu’il allait demander un avis à l’Autorité de la concurrence concernant les récents regroupements de centrales d’achats dans la grande distribution pour que l’esprit de transparence règne et que les prix ne baissent pas au détriment des producteurs et des industriels. Ce n’est donc plus la protection du citoyen contre la concurrence, mais celle des producteurs et industriels…. Encore une fois, un manque de confiance dans l’habilité du citoyen a choisir sur le marché ce qui lui convient le mieux. Je vais très bientôt rapporter ici un article qui discute les oligopoles en Amérique.
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