Le syndrome de Paris et les touristes chinois

Le syndrome de Paris est un phénomène étrange, mais réel. Je connais les habitudes et les attentes de la plupart des Américains en visite à Paris. Ils ne parlent pas souvent le français, c’est un fait, mais ce qui me surprend le plus, c’est qu’ils s’attendent souvent à trouver une France que je me souviens avoir connue autour des années 50, avec Édith Piaf, Jean Gabin et Charles Trenet. Leur connaissance de la France n’a pas beaucoup évolué et ils ne semblent pas connaitre la France d’aujourd’hui.

Les touristes chinois qui envahissent aujourd’hui la France sont tout aussi dépourvus que les Ugly Américains des années qui suivirent la Seconde Guerre mondiale et qui choquaient par leurs voix fortes, leurs baskets et leur bouteille de Coca Cola sur la table du déjeuner.

Au cours des années 70, les groupes de touristes japonais descendaient de leurs bus climatisés faisaient le signe de la paix et tiraient des photos de chaque point de vue connu aussi bien que de la lessive suspendue à une corde à linge de banlieue.

Maintenant, c’est au tour des Chinois. Le point de vue de Dan Bilefsky  dans un récent article du New York Times m’a inspiré les remarques qui suivent.

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En France, le tourisme représente environ 7% du PIB. Si en 2013, 97 millions de touristes chinois ont voyagé à l’étranger et Paris est leur destination préférée. Le nombre de visiteurs chinois en France a augmenté de plus de 23 pour cent l’an dernier, pour atteindre 1.4 million.

Mais les touristes chinois idéalisent la capitale française. Et comme la petite criminalité est en hausse, les responsables municipaux et les agences de voyages sont préoccupés par un possible ralentissement de l’arrivée des touristes chinois.

Un nombre croissant de visiteurs chinois débarque à Paris, armé de rouleaux de billets d’euros, généralement incapables de parler français et encore un peu naïf sur nos façons de faire après des décennies d’isolement relatif de la Chine. Ils sont donc victimes de leurs attentes irréalistes de la ville, tout en étant la proie de pickpockets qui les ciblent parce qu’ils sont facilement identifiables selon les dires d’un représentant de l’industrie du tourisme.

«Ils vont parfois essayer de payer une glace avec un billet de 500 euros”, a déclaré un représentant officiel de l’industrie touristique chinois. Ils convertissent généralement de grandes quantités de yuans pour limiter les frais de change de leur monnaie, et l’utilisation de cartes de crédit n’est pas aussi courante en Chine qu’elle l’est en Europe, a-t-il dit.

« Pour les Chinois, la France a toujours été romanesque, mystérieuse et désirable », déclare Thomas Deschamps, le directeur de la recherche à l’Office du tourisme de Paris.

« On nous a dit que Dieu vivait en France, » dit un visiteur après une tournée de deux semaines comprenant les arrêts obligatoires à la tour Eiffel et aux Galeries Lafayette où les autocars s’arrêtent régulièrement pour décharger leur lot de touristes pour une séance de shopping-marathon sous l’impressionnant dôme de verre. “Une fois que j’ai réalisé que les Parisiens étaient indifférents, a ajouté le chinois, j’ai pris la décision de profiter autant que possible de ce voyage, mais de ne plus jamais revenir à Paris”

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Un phénomène intéressant saisit les touristes chinois en visite à la capitale française: c’est une manifestation connue depuis une trentaine d’années et que l’on nomme le syndrome de Paris, et qui touchait alors de nombreux touristes Japonais. Il atteint aujourd’hui les touristes chinois et est en fait considéré une épidémie.

L’expression de ce syndrome a été inventée il y a 30 ans par Hiroaki Ota, un psychiatre japonais basé à Paris, après que de nombreux touristes japonais à Paris soient tombés malades quand leur façon de vivre, leur politesse et leur réserve se sont frottées à l’orgueil gaulois.

Selon Thomas Deschamps, le choc culturel est particulièrement fréquent chez les Asiatiques, qui regrettablement perçoivent, avant d’arrivée, la capitale française comme un musée.

Le syndrome de Paris est un trouble réel, un peu semblable à une attaque de panique, qui atteint certains touristes asiatiques qui visitent la Ville Lumière. Les symptômes en sont “des déraisonnements, des hallucinations, des étourdissements, une forte transpiration, et des perceptions de persécution”. La cause des symptômes, est considérée être liée à l’extrême déception que Paris n’est pas toujours cette ville de rêve, magique et romantique qu’ils ont vu au cinéma.

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D’après le Dr Ota « la Chine ayant été fermée à l’Occident depuis si longtemps, certains voyageurs chinois risquent un choc culturel et de la dépression face aux dures réalités d’une ville qu’ils ont trop idéalisée ». Il a noté pourtant que les Chinois étaient moins sensibles au syndrome de Paris que les Japonais. «Alors que les Japonais sont réservés, polis et empreints de formalité, les Chinois ont un fort sentiment de fierté nationale similaire à celle des Français, et ils ne sont pas timides,” a-t-il ajouté.

«Ils sont nourris des films tels que Le fabuleux destin d’Amélie Poulain ou Un Américain à Paris; ils s’imaginent que toutes les Parisiennes portent des sacs à main Louis Vuitton et sentent le dernier parfum de Dior ” a-t-il continué. ” Ils arrivent, s’attendant à voir une ville européenne pittoresque, riche et conviviale, peuplée d’hommes et de femmes bien habillées.

Au lieu de cela, ils découvrent les quartiers moins connus de Paris, les serveurs grossiers et les pickpockets, ce qui les met en état de choc psychologique.

Ils ne connaissent pas les banlieues ouvrières, les métros bondés, les serveurs débordés, les coins moins appétissants de la ville. Paris n’est pas un musée. Les Parisiens sont occupés, ils sont stressés, ils vivent leur vie “.

Pour aider à protéger et rassurer les touristes chinois, M. Deschamps affirme que la ville a renforcé la sécurité sur les sites populaires comme la Tour Eiffel et le Louvre, tout en instituant en mandarin des avertissements à la vigilance contre les pickpockets dans le métro de Paris.

Les pickpockets sont si nombreux à Paris que le personnel du Louvre s’est mis en grève l’année dernière pour réclamer une plus grande présence de la police.

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Les médias chinois auraient rapporté que 48 touristes chinois avaient été volés au Bourget.

La réaction psychologique de certains touristes chinois nécessite parfois le rapatriement sous surveillance médicale. Toutefois, le repos au lit et l’hydratation résolvent habituellement le problème en quelques jours.

Cette maladie semble avoir pris sa place comme la peste touristique du 21ème siècle, mais elle est juste un peu trop privilégiée pour attirer la sympathie.

Pour ceux qui y succombent, le syndrome de Paris et ses séquelles sont palpables. Certaines victimes déclarent avoir été traumatisées au point de craindre de faire de nouveaux voyages.

Chaque ville a ses stéréotypes, et le problème de Paris » peut paraître risible: l’image de Paris est dans l’esprit de nombreuses personnes incroyablement idéalisé, ou comme le dit Chelsea Fagan de TheAtlantic.com : on s’imagine que toute la ville sent le 5 de Chanel. Lorsque les touristes se rendent compte que ce n’est pas vraiment le cas, ceux qui possèdent une constitution délicate peuvent apparemment avoir des problèmes.

Mais “Le syndrome du voyageur » est une vieille histoire. Je me souviens du “syndrome de Florence», décrit par Stendhal au 19ème siècle après avoir été saisi par la beauté du David de Michel-Ange. Nommé hyperkulturemia, le syndrome de Florence est un trouble psychosomatique qui provoque un rythme cardiaque rapide, des étourdissements, des évanouissements, confusion et même des hallucinations quand une personne est exposée à une expérience d’une grande importance personnelle, en particulier la vue des œuvres d’art. De la même manière, le “syndrome de Jérusalem” se réfère à des événements «mystiques» et peut causer des hallucinations dont certains visiteurs de la ville sainte font l’expérience.

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Le syndrome de Paris est différent en ce qu’il découle de la réalité en deçà d’attentes idéalisées.

Certes, l’attitude des Parisiens contribue à ce que ressentent les touristes, et je compte écrire bientôt écrire sur ce sujet.

« Certes, les visiteurs ont à faire à des Parisiens hostiles et les professionnels du tourisme ne sont pas toujours accueillant », dit un chinois représentant l’industrie du tourisme, “Les serveurs sont impatients, ils ne parlent pas l’anglais,” dit-il. “Nos clients nous disent: les Parisiens sont méchants.” «Les Chinois idéalisent la France, qu’ils connaissent par la littérature française et les histoires d’amour françaises», explique le responsable du tourisme. “Mais certains d’entre eux finissent en larmes, jurant qu’ils ne reviendront jamais.”

Pour Jiang He, 20 ans, la déception a surgi peu de temps après l’atterrissage. L’étudiant de Shanghai, qui choisit Paris pour sa première visite à l’étranger a partagé l’expérience d’un camarade chinois dont les bagages venaient d’être volés.

Il a également été surpris de voir les rues de Paris jonchées de mégots de cigarettes et de déchets. «Je pensais que l’Europe serait un endroit très propre, mais j’ai trouvé que Paris est très sale et les Français ne s’intéressent pas vraiment à la propreté», a déclaré Jiang.

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Il y a quelques mois, la Chine a proposé d’envoyer un contingent de sa propre police à Paris pour aider les touristes, explique Deschamps. Mais les deux pays n’ont pu s’entendre en vertu des règles différentes des deux polices.

La Ville “s’est rendu compte que les touristes asiatiques étaient vulnérables», a déclaré Deschamps et des policiers mobiles ont été stationnés dans leurs cars garés près des principaux sites de la ville.

Le «Guide de sécurité de Paris,” qui est disponible en chinois depuis 2013 conseille : “Ne mettez pas votre téléphone mobile sur la table au café» et «évitez de porter des bijoux de luxe”, le site de Police de Paris est désormais accessible en chinois.

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Pour changer cette image, la Chambre de commerce du tourisme dans la région de Paris a également créé un programme qui offre aux professionnels de l’industrie une formation linguistique en ligne et des informations sur nationalité. Les Chinois aiment un “simple sourire” et un “bonjour dans leur langue”, selon le site.

D’après le Quotidien du Peuple, journal chinois, les Français se plaignent que les touristes chinois sont bruyants en public, dessinent des graffitis sur les monuments, ignorent les feux rouges pour traverser la chaussée et crachent partout.

Mais ce sont les touristes qui dépensent le plus selon l’Organisation mondiale du tourisme.

Mme Hung qui maintient un blogue pense que les règles turbulentes du Parti communiste sont responsables du comportement de la Chine à l’étranger. «Toute une génération de Chinois a appris à ne pas faire attention à sa tenue ou aux manières, parce que c’était considéré une attitude bourgeoise,» dit-elle. “Ils pensaient : «Au diable l’étiquette. Tant que j’ai de l’argent, les étrangers se prosterneront devant moi. ”

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2 Responses

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