Les avantages des petits boulots

The New Yorker Page Financière 6 juillet 2015

PAR JAMES Surowiecki

La nature humaine n’aime pas le changement, et les Français plus que d’autres. L’internet a changé le monde. Rien n’arrête le progrès en marche. Les automobiles ont remplacé les calèches et les chevaux qui remplissaient les écuries sont partis à l’abattoir. C’est fait ! On ne fait plus la queue pour acheter des timbres, en tout cas de moins en moins. La correspondance aujourd’hui, si elle doit être écrite se fait par e-mail. On ne téléphone plus qu’à nos proches, et ce, souvent à longueur de journée. On va faire son marché avec un portable pour pouvoir demander à ceux qui nous entourent : pour dimanche, vous voulez du poulet ou des hamburgers ? Si l’appel est à distance on Skype, et tout cela ne coûte rien ! Par ailleurs on se loue une perceuse de l’un à l’autre, la location solidaire est en plein essor.

Le chauffeur de taxi qui vous conduit, son portable ou son oreillette collée à l’oreille, ignorant vos réclamations en insistant que cela ne change en rien sa concentration est heureux de pouvoir bénéficier des facilités de communication d’aujourd’hui. Il est tout aussi enthousiaste du progrès que nous les passagers le sommes. Nous nous enthousiasmons des bienfaits de l’internet, et d’autres encore.

Le monde change, on l’accepte quand on en jouit, mais on se récrit haut et fort dès qu’on se sent touché de trop près et que nous devons changer nos habitudes. N’en déplaise aux chauffeurs de taxi, si ce n’est pas Uber ce sera son équivalent qui un jour remplacera le système de voiturage auquel nous nous sommes attachés depuis longtemps ; et mieux vaut se joindre à ceux qui ne cessent d’améliorer notre vie que de s’en plaindre avant de voir notre occupation disparaître.

L’attrait d’Uber est que la compagnie offre aux clients autant qu’aux chauffeurs, des avantages que les taxis n’offrent pas. Le client peut appeler un chauffeur Uber depuis son portable, avant même de quitter son bureau ou en étant encore installé à la terrasse d’un café. À destination, plus besoin de chercher ses pièces de monnaie en bloquant la rue aux voitures en attente derrière vous, la course sera chargée automatiquement à votre compte et versée tout aussi instantanément au compte du chauffeur, sans que vous ayez a sortir votre porte-monnaie.11

 Tout le monde s’y retrouve. Sauf les chauffeurs de taxi qui n’aiment pas le changement et perdent leur temps en manifs, opérations escargot et voitures renversées.

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Après tout, quel est la différence entre UberPOP les Velib’ et Autolib qui tous enlèvent des parts de marché aux taxis.

 

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Et pourquoi les taxis ne se mettraient-ils pas en réseaux pour offrir les mêmes avantages que les chauffeurs Uber ? C’est qu’on n’aime pas la concurrence, parce qu’on ne la comprend pas et c’est bien dommage pour les malheureux chauffeurs de taxi qui de manif en manif en viendront à leur propre perte plutôt que de s’adapter au progrès.

Selon le Parisien, 62,3% des Parisiens regrettent qu’UberPOP se soit retiré alors que 37,7% en sont satisfaits.

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Et il ne faut pas oublier le chômage: selon l’entreprise, UberPOP était utilisé par quelque 500 000 personnes de façon régulière dans l’Hexagone et l’application «a été une source de revenus importante pour plus de 10 000 conducteurs».

D’autre part, en vertu des règlements actuels Uber ne nécessite pas de permis pour opérer librement à Toronto au Canada, puisque son application smartphone n’accepte pas les appels. La demande d’injonction de la ville a donc été rejetée vendredi dernier. L’appel d’une voiture avec l’application du smartphone est automatique et basé sur un logiciel préalablement chargé. Les chauffeurs n’acceptent donc pas de commandes des passagers.

A Toronto, 5 000 chauffeurs bénéficient de cette flexible opportunité de gagner leur vie et 300 000 passagers en profitent.

En France, 62,3% des parisiens regrettent la suspension d’Uber Pop en France alors que 37.7% en sont satisfait.

Selon l’entreprise, UberPOP était utilisé par quelque 500 000 personnes de façon régulière dans l’Hexagone et l’application «a été une source de revenus importante pour plus de 10 000 conducteurs».

 

Je serai heureux de recevoir vos opinions et commentaires sur ce sujet.

 

Les avantages des petits boulots

PAR JAMES Surowiecki

Si quelqu’un utilise Uber pour se rendre à l’aéroport, le chauffeur est-il un employé Uber, ou un entrepreneur indépendant utilisant Uber pour trouver des clients?

Pour les entreprises de la soi-disant économie de partage telles que Lyft, Postmates, TaskRabbit, Instacart*, aucune question n’est plus importante. Il y a quelques semaines, une commissaire du travail en Californie a donné sa réponse: elle a statué qu’un conducteur Uber qui avait déposé une plainte contre la société était, en fait, un de ses employés. La décision s’applique seulement à ce travailleur particulier et le seul résultat en est le remboursement des frais de voiture du demandeur. Mais, si d’autres organismes de réglementation et des tribunaux devaient suivre cette décision, non seulement l’avenir de Uber en serait transformé, mais le marché du travail américain le serait, aussi.

22 Nous entendons beaucoup parler ces jours-ci de l’économie des petits boulots, mais la question de savoir si un travailleur est un employé ou un entrepreneur indépendant a fait l’objet d’intenses batailles juridiques depuis des décennies. La distinction peut être étonnamment difficile à faire. Le I.R.S [service du fisc américain] a une liste de vingt facteurs qu’il prend en compte pour le déterminer, mais d’autres organismes fédéraux ont des critères différents, comme le font d’ailleurs la plupart des États de l’union. La question fondamentale est généralement de savoir si un employeur a le «contrôle» sur les travaux en cours, mais la définition de contrôle n’est pas toujours facile.

Au siècle dernier, les lois visant à protéger les travailleurs ont proliféré, et le filet de sécurité sociale a été considérablement élargi, de manière à donner aux employés les avantages et la sécurité qui ne sont pas acquis aux entrepreneurs indépendants. Embaucher des employés coûte aux entreprises plus cher que d’embaucher des entrepreneurs indépendants. Des estimations suggèrent que le coût peut en être vingt à trente pour cent plus cher. Les entreprises sont donc devenues remarquablement inventives pour trouver des façons d’appeler les travailleurs des entrepreneurs. Une étude de l’université Cornell en 2005 a révélé que plus ou moins dix pour cent des travailleurs dans l’État de New York ont ​​été classés entrepreneurs. Certaines industries telles que le camionnage, la construction, l’entretien ménager sont connues pour ce fait, mais il est courant partout. Dans les années quatre-vingt-dix , Microsoft a perdu un procès majeur, car elle avait appelé certains de ses ingénieurs : entrepreneurs et leur avait refusé les options d’achat d’actions et autres avantages, quand bien même ils faisaient essentiellement le même travail que les employés réguliers. Plus récemment, Fedex a réglé une série de recours collectifs portés par les livreurs qui ont soutenu qu’ils avaient été mal classés.

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Les critiques de Uber insistent que, la compagnie déguise simplement ses employés en entrepreneurs. Elle fixe les prix que ses conducteurs peuvent facturer, surveille leurs performances (en fonction des notes des passagers), et peut les renvoyer si leurs notes sont trop faibles. Uber, quant à elle, affirme qu’elle opère beaucoup plus comme eBay que comme McDonald: elle est une plate-forme de connexion des clients et des chauffeurs en prenant un pourcentage (vingt pour cent) de la transaction. Elle n’établit pas les horaires des conducteurs, ne stipule pas quand ni où ils devront prendre le volant. Elle ne détermine pas le nombre d’heures qu’ils travaillent, ou s’ils doivent travailler ou pas. Et son utilisation des évaluations n’est pas différente de ce que eBay fait avec ses vendeurs.

Pour de nombreuses législations sur la protection des travailleurs, le point de vue est que quand il y a une décision difficile de ce genre, nous devons mettre les intérêts des travailleurs avant ceux des entreprises. Mais il n’est pas clairement établi que les chauffeurs d’Uber seraient avantagés si nous les déclarions employés. Ceux qui considèrent leur travail au volant un emploi à temps plein, quarante heures par semaine ou plus, en bénéficieraient probablement. Mais Uber récupérerait probablement la hausse de son coût de main-d’œuvre en prenant un plus grand pourcentage sur les tarifs et en diminuant ses effectifs.

Arun Sundararajan, un professeur de l’école de commerce à NYU [New York University] qui est un expert sur l’économie de partage, m’a dit: «Il est peu probable que la rémunération des chauffeurs augmenterait. Il y aurait également moins de conducteurs. Ils seraient en mesure de conduire davantage d’heures, mais ils auraient moins de flexibilité dans leur façon de travailler. Des études suggèrent que la flexibilité, n’ayant pas à répondre à un superviseur, pouvoir travailler quand on le désire plutôt que quand le patron le demande, est une partie importante de ce qui attire les travailleurs à des entreprises comme Uber».

333Le vrai problème ici est que les conducteurs Uber ne correspondent pas tout à fait à l’une des catégories traditionnelles. Les déclarer entrepreneurs indépendants ou employés, selon le commentaire du juge de Californie qui préside au procès contre Lyft, équivaudrait à résoudre la quadrature du cercle. Nous ferions mieux de créer juridiquement une troisième catégorie de travailleurs, qui seraient soumis à certains règlements, et dont les employeurs seraient responsables de certains coûts (comme, par exemple, le remboursement des dépenses et les cotisations des accidents du travail) mais pas d’autres (comme la Sécurité sociale et les impôts Medicare). D’autres pays, dont l’Allemagne, le Canada et la France, ont réécrit leurs lois pour augmenter le nombre de catégories de travailleurs. Il n’y a aucune raison pour que nous ne fassions pas la même chose, et que nous ne donnions pas aux travailleurs de l’économie des petits boulots un meilleur équilibre entre flexibilité et sécurité.

Le plus gros problème ici en Amérique est cependant la nature obsolète de notre filet de sécurité sociale. Il est encore dépendant de l’idée de l’employé à temps plein, qui reçoit d’une même compagnie, les soins de santé, les pensions, l’assurance-chômage, et ainsi de suite. Cela a bien fonctionné dans un monde où l’emploi est stable, mais beaucoup d’Américains ne vivent plus dans ce monde et beaucoup d’autres seront dans la même situation. Et, comme le dit Sundararajan, “Cela n’a aucun sens d’avoir un filet de sécurité bien développé pour une catégorie d’emploi et pratiquement aucun pour d’autres types de travail productif.” Obamacare est un pas dans la bonne direction, et le sénateur Mark Warner, de Virginie, a suggéré que nous pourrions utiliser un système similaire pour des avantages comme les pensions et l’assurance-chômage. Le travail est en train de changer. La protection que nous offrons les travailleurs doit changer aussi.

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James Surowiecki est rédacteur au magazine New Yorker depuis 2000, où il écrit la page financière. Il était antérieurement à Slate, où il a écrit la colonne Moneybox. Il a également été un rédacteur à Fortune et à Talk.

Il était avant cela le chroniqueur d’affaires pour le magazine New York. Il a contribué ay Wall Street Journal, à Wired, Times Magazine, le Washington Post, et Lingua Franca. Il a écrit sur des sujets allant de la Silicon Valley au basket-ball collégial.

Son livre, “The Wisdom of Crowds: Why the Many Are Smarter than the Few [“La Sagesse des foules: Pourquoi un Grand Nombre est plus Intelligent que Quelques-uns] et « How Collective Wisdom Shapes Business, Economies, Societies, and Nations,” [Comment la Sagesse Collective forme les Affaires, les Economies, les Sociétés et les Nations»], a été publié en 2004.

*          Lyft est une société privée américaine basée à San Francisco qui offre un réseau de transport. Son application de téléphonie mobile facilite les partages de trajets d’égal à égal par ceux qui se connectent avec quelqu’un qui a une voiture.et qui offre ses services.

            Postmates est une entreprise de logistique qui exploite un réseau de livreurs qui effectuent des livraisons localement. Postmates est comparée à Uber en raison de son utilisation de téléphones mobiles pour recevoir les commandes et envoyer les chauffeurs-livreurs.

            TaskRabbit est un marché en ligne et mobile basé sur l’idée d’entraide de voisin à voisin. Il permet aux utilisateurs d’envoyer les petits travaux et tâches à d’autres personnes dans leur quartier. Les utilisateurs nomment la tâche à accomplir et le prix qu’ils sont prêts à payer, et un réseau d’entrepreneurs préapprouvés s’offre pour terminer le travail

Instacart permet à ses clients d’utiliser Apple Pay. L’entreprise a établi des relations avec des entreprises qui prévoient le paiement à Instacart éliminant les points intermédiaires. Les clients Instacart sont informés de l’emplacement des magasins où ils peuvent faire leurs achats sans majoration par l’application ou sur le site Web.

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