Petits trucs pour aider les élèves en difficulté à réussir
L’inégalité en éducation
Par DAVID L. Kirp
29 octobre 2016
J’aurais aimé bénéficier lors de mon passage dans le système scolaire français d’interventions telles que celles exposées ici. Bien qu’il soit ici question de préjugés raciaux, je pense qu’ils s’appliquent à tous les préjugés, y compris celui de « cancre » que l’on entend trop souvent en France mais jamais aux États-Unis.
Les petites interventions peuvent aider les élèves moins performants à se développer en classe et même à repenser leur place dans le monde.
Quand j’étais au lycée, j’obtenais des A dans tous mes cours de mathématiques, j’avançais en roue libre grâce à la mémorisation des formules jusqu’à ce que j’en vienne à l’algèbre et la géométrie, mais après ça, je devais penser par moi-même. Ce fut désastreux, culminant par mon obtention de «C» généreux, et c’est à peine si je passai ma classe de mathématiques à l’université.
Dans un essai parut dans le New York Times, David L. Kirp, professeur à l’Université de Californie à Berkeley, exprime certaines de ses idées sur l’éducation. Bien que les pensées de l’auteur se focalisent sur le sort des noirs américains et sur ceux issus de l’immigration de pays latin (latinos) *.
J’étais convaincu, que la raison était le fait de ne pas avoir la bosse des Maths. Cela me mena à éviter ce sujet tout au long du reste de mes études.
Je ne suis pas le seul à être convaincu que je n’aime pas les maths. Des millions d’étudiants de première année universitaire ont comme moi évité cette matière et, puisque l’algèbre est une nécessité, beaucoup d’adolescents changent de direction ou tout simplement abandonnent les études.
Un rapport de la Mathematical Association of America pointe les mathématiques comme « l’obstacle majeur » à l’obtention d’un diplôme.
Il se trouve que je m’étais trompé sur mes propres capacités. Bien qu’il soit peu probable que j’ai la capacité de devenir un génie des mathématiques, ce n’est pas mon aptitude pour les mathématiques qui fut un obstacle mais plutôt ma conviction que les mathématiques étaient un obstacle.
On peut pourtant modifier cette façon de voir fataliste. Dans de nombreuses et rigoureuses études, les psychologues sociaux ont démontré que de brèves expériences peuvent avoir un impact puissant et durable sur l’avenir scolaire des élèves en changeant leurs mentalités avant qu’ils arrivent à l’université.
Considérez les exemples de trois études récentes :
1 Après qu’on ait enseigné, en huit leçons à un groupe d’élèves de sixième année (11-12 ans), que l’intelligence n’est pas fixe mais au contraire malléable, et que le cerveau est un muscle qui s’affermit avec l’effort, leurs notes en mathématiques, qui étaient en baisse constante, ont augmenté considérablement, tandis que les résultats de leurs camarades de classe qui n’avaient appris que les bonnes habitudes d’étude ont continué à empirer.
2 Lorsque dans une critique des écrits d’adolescents noirs une professeure d’anglais ajouta une phrase indiquant qu’elle demeurait optimiste, qu’elle attendait de bons résultats et qu’elle estimait que si l’étudiant travaillait assidûment, il pouvait obtenir les rigoureux résultat que la professeure attendait. Quatre-vingt-huit pour cent de ces étudiants redoublèrent leurs efforts en répétant l’exercice, alors que seul un tiers de leurs camarades, qui n’avaient reçu que de simples évaluations sans commentaires ne le firent.
3 Dans une série de courts écrits, on demanda à des élèves de sixième année de rédiger un exercice sur les valeurs qui leurs étaient importantes et significatives, tel que passer du temps avec leur famille et leurs amis. Après l’expérience, les étudiants blancs n’avaient pas progressé alors que leurs camarades noirs et latinos s’étaient tellement améliorés que l’écart de leur rendement diminua de 40 pour cent.
Il y a de nombreuses raisons de regarder ces résultats avec scepticisme. Comme les sorts magiques lancés par un enchanteur moderne, ils semblent beaucoup trop beau pour être vrai. Pourquoi de brèves interventions devrait-elles donner des résultats si pertinents alors que des stratégies plus complexes et coûteuses – depuis les cours d’été jusqu’à l’éducation du même sexe – sont souvent moins efficaces ?
La pensée socio-psychologique innovatrice, et non pas la magie, est à l’œuvre ici. Ces interventions se concentrent sur ce que les élèves, penché sur leur bureau à l’arrière de la salle de classe, pensent d’eux-mêmes et de leur environnement. Ces interventions peuvent être brèves mais puissantes parce qu’elles se concentrent sur une seule estime fondamentale.
Il y a trois stratégies représentées ici. La première, lancée par le professeur de psychologie sociale Carol Dweck à l’université de Stanford et illustrée par le premier exemple, vise à changer la mentalité des élèves en leur montrant que leur intelligence peut se développer grâce à un travail délibérée. Les théories du Dr Dweck s’appliquent aux étudiants universitaires, mais elles sont tout aussi efficaces avec les élèves de lycée.
La seconde utilise une évaluation critique mais constructive pour instiller la confiance chez les adolescents issus de minorités, un moyen manifestement puissant de faire avancer leur développement social et intellectuel.
La troisième intervention – et à certains égards, la plus puissante – invite les élèves à reconnaître leur propre valeur, en combattant les effets corrosifs des stéréotypes raciaux ( et autres), en les appelant à se concentrer sur une valeur d’auto-affirmation.
Ces interventions sont conçues pour lutter contre les sentiments négatifs des élèves. Je suis stupide, croient certains ; Je ne suis pas ici à ma place ; l’école ne me considère qu’en tant que membre d’un groupe manquant d’intelligence. Les deux premières expériences donnent aux élèves l’idée que le travail de leur cerveau peut les rendre plus intelligents. La troisième invite à se situer sur le chemin de l’appartenance ou de se connecter avec leurs valeurs dans une salle de classe.
L’objectif est de renforcer leur résilience et de les préparer à l’adversité.
L’impact, dans toutes ces études est le plus grand sur les étudiants noirs et latinos. Cela paraît logique puisque les adolescents sont plus enclins à voir les enseignants arborant des idées préconçues et à voir l’école comme un environnement hostile. En se sentant plus en sécurité, ces jeunes sont susceptibles de faire un plus grand effort. Le succès engendre le succès. Ils obtiennent de meilleures notes choisissent des cours et des sujets plus difficiles et se connectent plus facilement avec les étudiants qui leur ressemblent.
Une autre étude mais qui n’a pas été publiée par les psychologues sociaux montre que l’impact manifeste des échos des années plus tard. niveleuses septième afro-américains qui ont été invités à écrire sur la valeur la plus importante dans leur vie ont été propulsés sur un chemin tout à fait différent de ses camarades de classe qui ont écrit sur des sujets neutres.
Deux ans plus tard, les étudiants du premier groupe gagnaient de meilleures notes et étaient plus susceptibles d’être sur la voie de l’université, plutôt que dans des classes de rattrapages. Les réverbérations persistent au-delà de l’école secondaire. Ces étudiants étaient plus susceptibles d’obtenir leur diplôme, de s’inscrire à l’université et de fréquenter des établissements plus sélectifs.
Ce genre de travail d’intervention peut-il s’appliquer à grande échelle ? Une étude 2015 menée par des chercheurs de Stanford et l’Université du Texas le suggère. Lorsque des interventions de 45 minutes sur la croissance d’esprit furent délivrée en ligne à 1500 élèves dans 13 écoles secondaires dispersées à travers le pays, les élèves les plus faibles étaient beaucoup plus susceptibles d’obtenir des notes satisfaisantes dans leurs cours de base que les camarades de classe qui ne possédaient pas la même intervention.
Les chercheurs concluent qu’utiliser la même approche à l’échelle nationale signifierait 1.8 million de cours accomplis chaque année, des centaines de milliers d’étudiants ne quittant pas l’école secondaire sans diplôme et subordonnés à des emplois sans future.
Soyons clairs – ces brèves interventions ne sont pas une panacée, un moyen rapide et facile de transformer l’éducation scolaire. Même si elles peuvent compléter les bonnes pratiques d’enseignement, elles ne remplacent pas la qualité dans la salle de classe.
Les étudiants qui se considèrent les maîtres de leur propre destin peuvent tirer profit des occasions d’apprendre, mais seulement si ces possibilités existent. Ils ne vont pas apprendre la biologie sans classe de biologie, et ils ne deviendront pas des penseurs critiques si l’école n’en fait pas une priorité. D’autre part, les chercheurs soulignent vivement qu’une brève intervention ne peut traiter les effets pernicieux de la pauvreté et de la discrimination.
Pourtant, ces expériences ne demandent que peu de temps, ce qui ne pese pas grand-chose et peut faire une différence considérable dans la vie des élèves.Alors pourquoi pas ?
David L. Kirp est professeur à l’Université de Californie, Berkeley, chercheur principal à l’Institut de la politique d’apprentissage et un avis écrivain contribuant.
* Je considère que le statut d’un cancre est égal à celui d’une minorité afro-américaine ou latine