Pour les entrepreneurs français, il n’y a pas de place comme chez soi…dans la Silicon Valley

Je m’intéresse depuis longtemps aux mérites de l’échec, qui en France est très mal considéré, mais qui fait les merveilles de la Silicon Valley aux États-Unis. Je sais devoir mes succès aux échecs de ma jeunesse, après que j’ai quitté la France. Cet article relate le pouvoir de l’échec lorsqu’on sait en profiter pour changer de direction et repartir.

Les Français, bien sûr, sont connus pour leur style. Mais certains se demandent: pourquoi est-il si difficile d’être entrepreneur en France et tellement plus facile pour un entrepreneur Français de réussir aux États-Unis?

Ici, dans la Silicon Valley, les Français ont certainement laissé leur marque. Il y a  la renommée eBay, le pionnier des semi-conducteurs Pierre Lamond et l’entrepreneur en série Philippe Kahn.

 

 

 

 

 

 

Dans les années 1980, Jean-Louis Gassée était à la tête d’Apple en France et travaillait avec Steve Jobs. Gassée est aujourd’hui un investisseur de la Silicon Valley. Il pense que les vrais innovateurs sont souvent un peu fous, mais en France, ils doivent l’être encore plus.

«Pour être entrepreneur en France, il faut une dose additionelle de folie … les règles sont si pesantes», explique Gassée.

Il parle d’une réglementation gouvernementale lourde et de taxes allant jusqu’à 75%. Cela force les entrepreneurs français à être tenaces, dit-il, et à trouver des échappatoires. Des failles juridiques, bien sûr.

«En France, enfreindre la loi est un sport, c’est un honneur, c’est un badge pour trouver des moyens de tromper les règles», explique Gassée.

Quand il a créé Apple en France, Gassée a dû être créatif puisque le gouvernement dressait des barrages à la concurrence étrangère. Qui plus est, le langage extravagant de la Silicon Valley était insupportable aux oreilles des Français.

“Quand notre cher Steve Jobs est venu en France pour faire sa marque avec des déclarations hyperboliques, comme à son habitude, les gens étaient surpris, rancuniers”, explique Gassée. “Les gens roulaient leurs yeux. Ils le traitaient de fou, de méprisant, d’arrogant. Cela faisait partie de son génie. ”

Aujourd’hui, ce génie a fait de Steve Jobs un héros pour de nombreux jeunes entrepreneurs français.

Je suis allé à un rassemblement de la DBF, le premier réseau d’entrepreneurs français de la Silicon Valley aux États-Unis où j’ai discuté avec John Forge, un entrepreneur français.

“Nous devrions faire de Steve Jobs un Français honoraire”, a-t-il dit en riant, louant le style de Jobs et son approche axée sur les détails.

 

“Steve Jobs était très français dans son approche. Il voyait la technologie à travers les yeux de quelqu’un qui étudiait les polices typographiques, les caractères, l’écriture … en détail, tout devait être parfait. ”

Forge fait valoir que l’obsession française de l’élégance est très “Jobsien“.

“Tout doit être beau; c’est toute une façon de penser », explique Forge. “Il faut que cela vous parle avec effet.”

Mais Forge remarque que même parmi les entrepreneurs français qui ont l’esprit ouvert de la Silicon Valley, il reste encore de l’insularité.

J’ai rencontré Susan Lucas-Conwell au Café Douce France de Palo Alto. Elle dirige actuellement SVForum, un réseau d’éducation pour les entrepreneurs de la Silicon Valley.

Conwell est mariée à un Français et dit que les Français considèrent l’échec commercial différemment qu’en Californie. Dans la Silicon Valley, c’est un honneur. En France, explique Lucas-Conwell, l’échec est l’un des non-dits, une chose dont on ne parle jamais. Selon elle, les fonctionnaires du gouvernement français sont experts dans la répression des affaires et font empirer les choses.

« Vous entendez l’administration appeler les mécènes des entrepreneurs voyous» dit Lucas-Conwell.

C’est un langage assez fort – une autre manifestation de la culture anti-entrepreneuriale en France alors que le mot entrepreneur bien qu’employé en Amérique soit actuellement un mot français.

Alors que les innovateurs français, tout comme Sisyphe, luttent pour escalader une montagne, les vernis peuvent nous rejoindre dans la Silicon Valley et sentir un vent optimiste dans leur dos.

«Vous comprenez, nous, les gens de la Silicon Valley, avons tendance à penser que nous gérons le monde et il y a une part de vérité dans cela», explique Jean-Louis Gassée. “Je tweet, tu tweet, nous tweetons, vous tweetez, ils tweetent … C’est devenu un verbe. L’utilisation l’emporte sur les règles dans toutes les langues. ”

“C’est une chose merveilleuse … nous sommes le melting-pot du melting-pot“, [le creuset du creuset] ajoute-t-il.

Sophie Woodville Ducom, une autre française transplantée à la Chambre de commerce franco-américaine, appelle la Silicon Valley “La Mecque” – un endroit où les entrepreneurs peuvent prospérer, même si pour commencer ils échouent. Et, s’ils ont vraiment de la chance, ils vont pousser ce rocher jusqu’au sommet de la montagne et atteindre la gloire. C’est, de toute façon, la promesse de la Silicon Valley.

Crédit: Alison van Diggelen de Fresh dialogues.com [Dialogues frais]

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